Expose tes recherches ! Une journée d’étude de l’ACSHA

L’ACSHA est fière de présenter la première édition de la journée d’études Expose tes recherches ! destinée aux étudiant·e·s des cycles supérieurs en histoire de l’art à l’UQAM! La journée est conçue pour permettre aux étudiant·e·s d’exposer et de discuter de leurs recherches en cours dans un environnement décontracté et convivial propice aux échanges.

⏱ Vendredi 18 février 2022, de 10h et 13h
💻 Sur Zoom : https://uqam.zoom.us/j/84789062167

Consultez l’affiche-programme de Expose tes recherches !

🔷 10h00 – 11h45 : Panorama de la recherche étudiante 🔷

Quatre intervenantes vous présenterons un aspect singulier de leur recherche en cours lors de conférences-éclairs de 10 minutes, suivi de périodes de questions et d’échanges. Venez découvrir la diversité des sujets et approches des recherches actuelles en histoire de l’art à l’UQAM!

🔷 12h00 – 13h30: Tour de table virtuel 🔷

Lors de cette rencontre informelle, nous vous proposons une discussion ouverte entre étudiant·e·s des cycles supérieurs. Ce sera l’occasion de découvrir et d’échanger sur nos sujets de recherche respectifs, et surtout de tisser de nouveaux liens entre membres de notre communauté étudiante.

Programme détaillé

Le façadisme nord-américain : le cas de la Maison Adrienne-Lemieux | Sophie Quirion

Bâtie en 1911 à l’initiative de Mme Alvine Duval et classée au patrimoine culturel du Québec en 1991, la Maison Adrienne-Lemieux continue aujourd’hui de détonner dans le décor du village de Saint-Éphrem-de-Beauce. Habitant à l’origine un magasin de chapeau, puis une banque et finalement un fleuriste, elle ne s’est jamais départie de sa fonction résidentielle en conservant son logement au premier étage. Alors que je m’intéresse au genre Boomtown au Québec et à ses caractéristiques formelles faisant partie intégrante d’un langage visuel populaire de l’Ouest américain, la Maison Adrienne-Lemieux, avec ses éléments néo-classiques en façade, semble à la fois défaire tous les codes, mais aussi justifier ma recherche. L’architecture Boomtown est un genre vernaculaire qui certes détient de multiples influences, mais qui demeure à la merci des goûts et des besoins de ses propriétaires. Ici, Mme Duval a choisi un style populaire répandu sur le territoire de la Beauce, notamment dans les villages-station comme Saint-Éphrem-de-Beauce, et l’a agencé à l’architecture savante dans des circonstances insolites.

Pour cette présentation, j’aimerais, en prenant pour appui la Maison Adrienne-Lemieux, intégrer les bâtiments Boomtown dans l’histoire du façadisme commercial nord-américain. La façade, non pas comme un élément structurel, mais plutôt comme un ajout superficiel ayant des fins décoratives, se répand sous diverses formes de part et d’autre des États-Unis au 19e siècle. Les bâtiments Boomtown font partie de cette lignée d’influence où la façade joue un rôle important dans une définition collective d’un ensemble commerciale ou dans la définition individuelle du propriétaire comme dans le cas de la Maison Adrienne-Lemieux. 

Sophie Quirion a obtenu son baccalauréat en histoire de l’art en 2021 et elle est nouvellement admise à la maîtrise dans le même programme. Lors de son parcours au premier cycle, elle s’est intéressée à la culture visuelle populaire et à l’histoire de l’architecture québécoise. Ses recherches, qu’ellle a notamment présentées au dernier congrès de la Société pour l’étude de l’architecture au Canada, portent sur l’architecture Boomtown au Québec. Son mémoire de maîtrise est dirigé par Mme Christina Contandriopoulos, avec laquelle elle collabore également sur un projet de recherche portant sur des exemples de l’architecture Beaux-arts à Montréal.

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Les couleurs d’Hilma af Klint ; outil de déconstruction de la binarité des genres  | Gabrielle Sarthou

Dans cette présentation, j’aimerais aborder une théorie que je développe dans le cadre de mon mémoire : les couleurs de l’artiste suédoise Hilma af Klint (1862-1944) pourraient être présentées comme un dispositif de déconstruction de la binarité des genres à l’époque de l’avant-garde artistique. Je parlerai d’abord rapidement des couleurs comme dispositif de maintien de l’hégémonie de genre binaire patriarcale dans l’avant-garde artistique. Par la suite, je présenterai Hilma af Klint et puis nous aborderons plus précisément deux séries d’œuvres : L’arbre de la connaissance et Les cygnes. À travers ces séries, je commenterai la symbolique des couleurs selon les connotations qui y sont accordées par l’artiste, pour ensuite faire mon analyse. J’ouvrirai ensuite mon dialogue aux questions en faisant part a priori de l’évolution de ma pensée, de mon cheminement et des pistes que j’aimerais explorer. 

Gabrielle Sarthou est candidat·e à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur l’historiographie et la théorie des couleurs d’un point de vue féministe. Commissaire et critique d’art, iel apprécie faire le pont entre l’art et les mots ; ses écrits se retrouvent dans plusieurs revues culturelles telles que Ciel Variable, ESPACE art actuel et Vie des Arts. Iel a, entre autres, co-fondé le Festival ETC, coordonné le Symposium International de Baie-Saint-Paul (2021) et travaille maintenant comme médiatrice au MAC et comme auxiliaire de recherche et d’enseignement.

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« How capitalism captivates » : affect et immersion dans Imagine Van Gogh | Marie-Jeanne Gagnon

Cette communication a pour objectif de présenter une analyse théorique critique de l’expérience affective mise en scène dans Imagine Van Gogh : L’exposition immersive, présentée à l’Arsenal art contemporain de Montréal en 2019 et 2020. Cette communication propose de tester l’hypothèse suivante : l’expérience affective intense qui est mise en place par les dispositifs immersifs et numériques est à la fois tributaire et structurante d’une économie capitaliste néolibérale où l’attention est la marchandise première (Odell, 2019; Pine & Gilmore, 1998) et où les institutions culturelles qui sont soumises à de grandes pressions financières doivent développer une « conscience commerciale » de plus en plus aiguë (Ekström, 2020).

Je propose donc de décrire le processus de subjectivation se produisant à travers l’expérience affective dans cette exposition : l’immédiateté de la réponse affective, son aspect mimétique et contagieux (Anderson dans Gregg & Seigworth, 2010) permettent de dévoiler les « façons dont le capitalisme captive » (how capitalism captivates) (Thrift dans Gregg & Seigworth, 2010, p.297). Selon la théorie mobilisée ici, l’affect est indissociable du système capitaliste dans lequel il est « prélevé pour sa valeur » (mined for value) puisque « l’affect est au centre de la subsomption même de la vie dans le capital » (Clough dans Gregg & Seigworth, 2010, p.220-221). Les dispositifs numériques, interactifs et immersifs peuvent alors être perçus comme des « dispositifs affectifs » qui se déploient à l’avantage économique de certains (Thrift dans Gregg & Seigworth, 2010, p.295-296).

Diplômée du baccalauréat en histoire de l’art (2019, UQAM), Marie-Jeanne Gagnon est candidate à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM et soutenue par une bourse de recherche Joseph-Armand-Bombardier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Employée à la Galerie de l’UQAM depuis septembre 2020, elle a aussi travaillé comme auxiliaire de recherche sur plusieurs projets dirigés par Barbara Clausen et Mona Trudel. Elle cumule plusieurs années d’expérience comme travailleuse culturelle hors université et est l’auteure d’un compte-rendu du catalogue de l’exposition Installations. À grande échelle (MNBAQ) publié dans la revue Espace (no 116, Printemps 2017).

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S’inscrire dans une méthodologie néo-matérialiste, ou la question de l’indiscipline | Marian Gates

Mon sujet de thèse se situe à l’intersection de l’art et de la science, car il interpelle à la fois un corpus en histoire de l’art et des théories néo-matérialistes, principalement celle de Karen Barad (1956 –), qui prend racine dans le domaine de la physique quantique. Je cherche dans mon travail à élaborer une nouvelle manière de penser l’œuvre d’art en relation à son dispositif d’exposition et au sujet observant; pour ce faire, j’utilise la théorie du réalisme agentiel de Barad, qui permet de concevoir cette relation tripartite dans un enchevêtrement à la fois épistémologique, ontologique et éthique.

Mon projet serait ainsi transdisciplinaire, car je construis un modèle d’analyse de l’œuvre d’art à partir de la mise en relation de plusieurs disciplines. Serait-il toutefois plus juste de parler d’indiscipline, terme développé par l’historien de l’art W.J.T. Mitchell, pour désigner mon approche méthodologique? Il définit cette méthode comme une « turbulence ou [une] incohérence aux frontières interne et externe des disciplines », « un moment de cassure ou de rupture, lorsque la chaîne est rompue et que la pratique est mise en question. » Chez Mitchell, on concède que par cette approche indisciplinée, certains transferts épistémologiques entre disciplines seront désordonnés, mais feront poindre, parfois, par l’usage d’une démarche téméraire, une idée nouvelle, fructueuse, qui fera avancer le domaine de l’histoire de l’art. Je tenterai de démontrer comment l’indiscipline, qui « tire sa fécondité du heurt et de la collaboration des disciplines mobilisées », se rapproche de la méthodologie « diffractive » de Barad, qui cherche par croisements théoriques et textuels à lire plusieurs pensées les unes au travers des autres, et ainsi d’en faire ressortir des sens inédits. Je réfléchirai ainsi, dans cette communication, à la méthodologie qui se prêterait le mieux à mon projet, qui prend racine dans un transfert épistémologique de la science à l’art. 

Marian Gates est candidate au doctorat en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal sous la direction de Marie Fraser. Elle est vivement intéressée par la mise en espace de l’œuvre d’art et la manière dont celle-ci influence la perception et le savoir que l’on s’en fait. Elle étudie, au travers d’un corpus transhistorique, l’enchevêtrement ou la co-construction épistémologique, ontologique et éthique de l’œuvre à son dispositif d’exposition et au sujet observant, et ce, à partir de théories néo-matérialistes. 

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Identité visuelle et graphisme réalisés par Farah Jemel

ℹ️ Personne ressource:
Marie-Lise Poirier | Responsable des activités socio-culturelles
📧 acsha.colloque@gmail.com